Guide de survie
pour le miquelot

p. 303 & 304

L'art du miquelot

Le pèlerin n'est pas un promeneur. Il ne se balade pas nez au vent. Il effectue un pèlerinage. Il prend à l'occasion son bâton. Il ne se hasarde ni ne s'aventure dans la baie. Il prend le chemin du paradis. Il s'y prépare. Il use de sa liberté d'aller et venir dont l'exercice s'allie avec la plus élémentaire prudence. Il n'est ni un inconscient ni un immature. Le miquelot est un citoyen responsable. Après trois traversées accompagnées, il est capable d'emmener sans risque une vingtaine de pèlerins à la fois. Le miquelot s'exerce à marcher avec sa matière grise. Il observe autant que faire se peut, les conseils qui suivent et il fait confiance à ses capacités personnelles de réflexion.
Le chemin du paradis n'est pas porté sur une carte. Il n'est pas ­balisé. Point de ces marqueurs à la peinture propres aux sentiers de grande randonnée. Sur la grève, aucune voie n'est tracée. La mer toujours recommencée efface les marques de pas que les hommes y laissent à la marée précédente. Une règle s'applique : « La ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre. » Le pèlerinage s'inscrit sur une ligne droite à l'aller comme au retour. L'amer visé au retour est moins visible que l'amer admiré à l'aller. Toute la baie peut être parcourue à pied. Plus les fleuves sont proches de leur source, plus ils sont profonds. A contrario, plus leurs estuaires divaguent loin sur l'estran, plus ils sont larges et peu profonds.
L'anxiété n'est pas de mise.
Sept règles sont à suivre pour traverser la baie…

Rappel pour traverser la baie à pied en sécurité